Combien ça coût, l’agriculture paysanne ?
Allez, on s’est lancé dans une petite étude de marché et on s’est amusé à comparer nos prix avec les grandes surfaces pour savoir comment on se positionne. On est peut-être comme vous, on est curieux de savoir !
Alors on a fouillé les sites en ligne de quatre enseignes (Carrefour, Leclerc, Intermarché et Super U), en comparant avec les produits bio de la marque du magasin (ou marque équivalente entrée de gamme). Le panier était composé d’un pain complet, pâtes, œufs, jambon, mâche, pommes, yaourts nature, bûche de chèvre, fromage à tartiner et échalotes.
Déjà, un premier constat : difficile de trouver une gamme bio variée dans ces enseignes, en particulier pour les aliments frais !! (ça a conditionné le choix des produits sélectionnés)
Tadammm, le résultat : sur ce panier moyen composé de produits quotidiens, nous sommes 7,8% moins chers !
Bien sûr, le prix ne reflète pas tout et surtout pas la différence de qualité, mais celle là vous la connaissez déjà 😉
Il est vrai aussi que c’est une moyenne : parfois nous sommes plus chers, parfois moins. Sur certains produits, en particulier les produits transformés, nous pouvons être moins compétitifs : c’est parce que nos méthodes de productions sont artisanales et qu’elles n’offrent pas les mêmes économies d’échelle (ni la même qualité de fabrication ^^) !
Allez, après cette page marketing, soyons un petit peu philosophes.
Qu’est-ce qui fait la valeur d’une chose ? On aimerait bien être capable de vous donner la valeur des oiseaux qui chantent dans nos fermes, celle de l’eau qui ruisselle dans nos sols fertiles et celle de notre santé et vitalité à tous 😉
Il y a deux semaines, on a partagé avec vous notre satisfaction de voir que le panier de produits frais de la Clique Paysanne vous revient 7,8% moins cher que l’équivalent en supermarché, pour une qualité et une diversité de produits nettement supérieures 🙂
Et si on poussait un peu plus loin cette réflexion sur les prix ?
En tant que producteurs engagés pour l’agriculture bio, on s’entend aussi dire que ce n’est pas accessible à tous. Et c’est vrai que quand les fins de mois sont difficiles à boucler, on regarde nécessairement à la dépense…
Mais saviez vous que les prix agricoles sont avant tout une question de choix politique ?
Sans l’accompagnement de la Politique Agricole Commune (PAC) portée par l’UE, la grande majorité des produits alimentaires coûterait le double du prix affiché actuellement sur le ticket de caisse (l’autre moitié nous la payons donc par les impôts et taxes). Les fermes françaises sont en effet subventionnées à hauteur de 50% en moyenne : les ventes des produits agricoles financent seulement les dépenses de production. La PAC assure grosso-modo le salaire des exploitants (et heureusement).
Ceci vaut surtout pour les grosses exploitations, car plus un agriculteur a de surface exploitée, plus il reçoit d’aides. Les petites fermes comme celles de la Clique Paysanne font ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles reçoivent (ou pas du tout) ! La seconde « injustice » de ce modèle, c’est que les grosses fermes les plus subventionnées peuvent tirer les prix vers le bas, ce qui oblige tous les agriculteurs à s’aligner… l’une des raisons du grand mal-être actuel du monde agricole.
Pour en revenir à l’agriculture bio, on comprend rapidement qu’elle pourrait même être moins chère que l’agriculture conventionnelle si les aides étaient orientées différemment ! On rêverait aussi que ces aides financent l’emploi agricole plutôt que les surfaces exploitées… tout le paysage français serait transformé, avec un foisonnement de petites fermes résilientes, écologiques et diversifiées partout sur le territoire, plutôt que de grandes monocultures à perte de vue… Allez, rêvons un peu !